«Avant c'était déjà dur, mais là on s'en sort plus. Parce qu'il y a des formulaires pour tout, souvent très compliqués en plus; même au boulot, en restant au même poste, je dois prendre directement des commandes avec des clients.» René, 51 ans, est ouvrier dans une petite PME de la région parisienne; sa scolarité, brève et irrégulière comme pour beaucoup d'autres quinquagénaires ayant grandi à la campagne, est déjà loin. Il voit le monde du travail évoluer: les consignes sont de moins en moins passées oralement, les machines se doublent d'écrans de contrôle.
«Je suis dans l'intérim, dans le nettoyage», poursuit Radiah, rencontrée dans un cours du soir. «Je me retrouve tous les jours ou presque face à une feuille de mission. Et c'est parfois très compliqué. On ne nettoie pas pareil dans une usine chimique ou dans des cantines. Il y a plein de règles.» Penchée sur la liste des spécialités médicales, elle précise qu'elle ne vient «pas que pour le travail. Je pense aussi aux enfants. Il faut que je sache repérer quel médecin je dois aller voir».
Le monde est une forêt de signes. La «société de l'information», c'est celle de l'information transmise par écrit, excluant un peu plus chaque jour ceux que la page ou l'écran tétanisent.
Contournement. Ce n'est pas par hasard que l'OCDE s'est lancée en 1995 dans une enquête sur l'illettrisme dans les pays industrialisés. Il s'agissait de rappeler que «de faibles capacités de lecture et d'écriture nuisent à la compétitivité sur le plan écon