Menu
Libération

Les coulisses d'une image.

Article réservé aux abonnés
publié le 3 novembre 2000 à 6h09

La mort en direct du petit Mohammed al-Doura, 12 ans, au carrefour de Netzarim, le samedi 30 septembre, a bouleversé le monde entier. Ces images n'ont pas été prises par un photographe mais par un cameraman palestinien de France 2, Talal Abou Rahmeh. Il se trouve au carrefour de Netzarim, qui commande l'accès à une colonie juive, pour couvrir une manifestation de jeunes lanceurs de pierres palestiniens contre le poste de Tsahal. Soudain, la manifestation dégénère en un échange de feu nourri. Mohammed al-Doura et son père se retrouvent pris sous une grêle de balle, tapis contre un mur, essayant tant bien que mal de se protéger derrière un poubelle en métal. L'échange de feu dure au total 45 minutes, pendant lesquelles l'enfant hurle et pleure, terrorisé. Le père tente d'appeler de l'aide sur son portable. Mais personne ne peut s'approcher. A un moment, le cameraman, qui filme aussi d'autres scènes, s'aperçoit que l'enfant et son père sont touchés. Le premier succombera à ses blessures, le père survivra. Immédiatement, une polémique éclate sur l'origine des tirs. Tsahal tergiverse, puis nie toute responsabilité et enfin admet, après enquête interne, la possibilité d'être responsable de la mort mais pas intentionnellement. L'armée n'a laissé aucun journaliste pénétrer dans le bunker d'où sont partis les tirs incriminés. Dans les jours qui ont suivi, l'armée israélienne a aussi bombardé les bâtiments, et en particulier le mur contre lequel s'étaient adossés Mohammed et son père.