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2. La nouvelle prospérité. Une ville ranimée par les start-up

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Frappée par la crise, la petite commune de North Adams semblait dépourvue d'avenir. Jusqu'à l'arrivée de la nouvelle économie et des «Bobos». Miracle ou mirage?
publié le 7 novembre 2000 à 6h16

North Adams, Massachusetts envoyé spécial

Ils appellent cela le «Silicon Village», ou encore le «miracle du Berkshires». Bizarre. Ce ne sont pas les mots qui viennent à l'esprit lorsqu'on traverse, par un soir glacial, cette petite ville coincée au fond d'une vallée. North Adams est une ancienne ville textile, au bord d'une rivière, pas laide, mais marquée de toutes parts par les stigmates de la crise industrielle : rues désertes, usines désaffectées, vitrines poussiéreuses de magasins abandonnés, portes murées, carreaux cassés, arrière-cours remplies de flaques, enfants aux sourires cariés, hommes bouffis d'alcool. Silicon Village, vraiment ?

En regardant mieux le lendemain matin, on sent que, dans ce cadavre de ville, la vie bourgeonne. Des ouvriers s'activent sur un lot vétuste de maisons aux façades victoriennes pour en faire, explique un ouvrier, «une auberge de luxe avec piscine olympique». Dans la rue principale, Main Street, un cafe-gallery, le Fifty-Five, sent encore la peinture fraîche. Quelques mètres plus loin, l'antique Mohawk, magnifique cinéma aux affiches jaunies (A Star Is Born), annonce sa réouverture prochaine, après huit ans sans images. Au coin de la rue, une entreprise, Mind-branch, transforme en bureaux un supermarché fermé depuis huit ans également. Sur un portique, au centre du village, des arbres en pot sont étrangement pendus la tête en bas ; leurs branches se retournent vaillamment à la recherche du ciel. C'est, depuis un an et demi, l'entrée d'un s