Monterey Park envoyée spéciale
A une demi-heure du centre de Los Angeles, la petite ville bourgeoise de Monterey Park (60 000 habitants) est déjà l'image d'une Californie où les Blancs sont devenus une minorité. Tout est écrit en chinois (avec traduction, en plus petit et au-dessous, en anglais) le long des grandes avenues très chic où des écoliers habillés à la mode circulent en rollers. La ville respire la prospérité : boutiques de luxe, banques, médecins, dentistes, cliniques de chirurgie esthétique...
Dans son bureau du conseil municipal, Judy Chu, 47 ans, dans un tailleur bleu étincelant, a déjà été trois fois maire de Monterey Park. Femme et Asiatique, elle a dû
surmonter les préjugés, et son histoire illustre parfaitement le dynamisme et la réussite exceptionnelle de la communauté asiatique en Californie.
Le grand-père, venu de Chine au début du siècle, avait ouvert un petit restaurant au centre de Los Angeles. Quand son fils a été en âge de se marier, à la fin des années 40, il l'a envoyé chercher une femme dans son village en Chine. «On lui a présenté toutes les filles, il a choisi la plus belle», dit en riant Judy Chu. Elle est née de cette union et a été élevée dans le ghetto noir de Los Angeles, à South Central. «Un quartier pauvre et difficile, mais les Asiatiques poussent leurs enfants à faire des études, à s'intégrer, à devenir vraiment américains. D'ailleurs, à la maison, on ne parlait jamais chinois.» Judy, forte en maths, intègre la prestigieuse Ucla (Universit