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Libération
Interview

«Les paradoxes de l'embellie».

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publié le 7 novembre 2000 à 6h16

Aujourd'hui professeur à l'université de Brandeis près de Boston, éditorialiste dans de nombreux journaux, Robert Reich ­ ami depuis trente ans de Clinton ­ fut secrétaire au Travail du Président durant son premier mandat. Grand spécialiste de l'économie politique, il publiera en avril en France la traduction de son dernier ouvrage, The Future of Success, aux éditions Village mondial.

Qu'est-ce qui va et ne va pas aux Etats-Unis ?

Ce qui va : avec notre «nouvelle» économie, plus flexible et plus efficace, nous pouvons aujourd'hui avoir moins de 4 % de chômage et une croissance de 4 à 5 % par an, sans pour autant faire repartir l'inflation. C'était impensable il y a dix ans. Ce qui ne va pas : la plupart des gens ne profitent pas de l'accroissement de la prospérité.

Mais ils ont du travail...

Oui, la baisse du chômage profite à tous. Mais les inégalités sont beaucoup plus importantes qu'au début des années 90. Le fossé n'a cessé de s'élargir depuis trois ans. La plupart des emplois ne rapportent pas beaucoup d'argent. Les gens travaillent plus qu'avant et, pourtant, le revenu médian ­ celui en dessous duquel est payée la moitié des travailleurs ­ n'a que très légèrement augmenté au cours des dernières années. Seuls les revenus de ceux qui sont dans les 10 % les mieux payés ont bondi, de même que les avantages que leur accordent leurs employeurs : retraites, couverture maladie, etc. En revanche, les revenus et les avantages de tous ceux qui sont en bas et au milieu de l'échelle on