Comment travaillent les chercheurs? Comment teste-t-on un nouveau traitement? Où est la limite entre un malade et un cobaye? Un journaliste a rarement les moyens de répondre à ces questions. Il peut parfois passer une journée ou deux dans un laboratoire. Rarement plus. Cela a donc été une chance rare de pouvoir suivre, pendant plus de quatre ans, l'équipe de chercheurs et de médecins qui, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), s'est lancée dans une expérience pionnière: tenter de soigner les malades atteints de Huntington en leur greffant des neurones dans le cerveau.
Novembre 1995
San Diego (Californie)
Marc Peschanski est chercheur en neurobiologie et directeur d'une unité Inserm installée depuis 1991 dans les murs du CHU Henri-Mondor. Ces deux dernières années, je l'ai interviewé à plusieurs reprises. Je le rencontre aujourd'hui au congrès de neurosciences de San Diego en Californie. Il me propose de suivre, pendant plusieurs années, l'«essai» qu'il s'apprête à lancer avec le service de neurologie de son hôpital. Le projet est ambitieux et totalement novateur. Il s'agit de tester une thérapie pour une maladie qui n'a pour le moment aucun traitement. «C'est la plus épouvantable des maladies que je connaisse. Elle est génétique, elle se transmet de génération en génération, et on ne sait pas la soigner. Pour la première fois, nous allons tester un traitement.» L'équipe de Créteil veut greffer des neurones foetaux dans le cerveau de personnes touchées par la chorée