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Portrait

Les skippers

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Claudy et Gérard promènent les touristes d'île en île.
publié le 1er décembre 2000 à 7h24

Si c'est un local, il est arrivé à pied. Il s'appelle Gérard Pancrate, bientôt la quarantaine, ou Claudy Miré, cinq ans de moins. Entre Guadeloupe et Martinique, ils sont une dizaine de spécialistes qui accompagnent le touriste à voile. Gérard regrette l'âge d'or des années 90. «C'était friendly. Je me souviens d'une fondue géante avec les Suisses sur le bateau. C'était le bon temps. Mais, progressivement, ça a été l'horreur, la mentalité des clients, leur façon de vivre.» «Plus ils ont du pognon, plus ils sont moins sympas», rajoute Claudy. Parfois hautains, voire incompétents. «Je viens de donner trois jours de cours à un Polonais qui veut partir tout seul avec sa femme qui ne sait pas nager. Il va se manger un récif.» «Et puis il y a le problème de l'hôtesse sur les crew-boats.» Joli sujet de tension. «Le client, il voit sa moitié défraîchie, et une jeune femme, belle et souriante. Alors...» Ou ce sont les deux amis qui en viennent à se battre au couteau vers la fin de la croisière.

Gérard et Claudy disent pourtant trouver encore un peu de plaisir dans la navigation, à Saint-Vincent par exemple, où les tour-opérateurs rechignent à envoyer leurs clients depuis que des touristes y ont été assassinés. «C'est un décor à la Jurassic Park, tu mouilles ton ancre, tu fais culer (reculer, ndlr) le bateau, tu t'attaches à un cocotier.»

Pour Gérard, la reconversion n'est plus très loin. Il rêve de finir sa carrière sur un day-charter pour pouvoir rentrer chez lui tous les soirs. D'aut

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