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Libération

L'arpenteur de vignes

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Guy Renvoisé, oenophile exigeant, revisite la hiérarchie des vins.
publié le 23 décembre 2000 à 8h25

Ici, l'on vous accueille avec un meursault «les Narvaux» 1992, de Bernard Michelot, un puligny-montrachet «les Pucelles» 1986, du domaine Leflaive. A la fin d'un repas d'une légèreté aérienne, l'on vous offre un Partagas Lusitania et puis, au bout de l'entretien, on parachève avec un sauternes Doisny-Daëne de 1990...

Une maison cossue de la Sarthe, sans insolence, où Yvette et Guy Renvoisé reçoivent avec une hospitalité d'un autre temps. Yvette, compagne d'une vie, seconde son époux, le morigène quand il se fait trop provocateur. Lui, 70 ans, stature imposante malgré sa relative petite taille, un peu «réac», il le reconnaît volontiers, s'exprime par aphorismes et proverbes, de préférence bourguignons. Il ne dit jamais «viticulteur» mais «vigneron». Guy Renvoisé, oenophile sans égal, est l'auteur d'un monument, le Monde du vin. Art ou bluff (1). Livre iconoclaste, d'une connaissance époustouflante des terroirs, des expositions, des compositions des sols, pilonneur de fausses réputations, conseiller en vraies valeurs, et d'une cruauté souriante à l'égard des camarillas du vin. S'il n'y a qu'un seul livre à posséder et à méditer, c'est bien celui-là.

Ancien jockey, propriétaire de France-Tiercé dans les années 60, il dut à un pharmacien de Beaune ce verdict : «Vous n'y comprenez rien, votre cave, c'est de la m...» Piqué au vif, il a appris depuis, en arpentant les vignobles avec sa femme pendant quatre décennies. Autodidacte, doué d'une mémoire phénoménale, il a su poser aux vig