Soings-en-Sologne, envoyé spécial.
Au dixième tour de dégustation, au cinquantième, au centième ou à quelques secondes du coma éthylique, ce serait le même cri : Claude Courtois se vide de sa vérité comme d'un fardeau qu'il voudrait partager avec vous : «Ah bon Dieu, ça, c'est du vin ! » Voilà de longues minutes qu'on approuve en silence, se résignant à cracher à regret le jus de nectar aux noms insolites : Or Norme, Plume d'Ange, Quartz, Evidence. Racine... Des noms de parfum plus que des noms de vin. Normal : les 5,5 hectares de vignes de ce récoltant solognot en effet, très hors norme embaument. Ils sentent l'ortie, le compost, la prèle et (légèrement) la bouillie bordelaise uniques engrais admis par cet adepte du bio intégral sans oublier les pommiers, les sapins, le cochon, les gallinacés, le cuir de l'âne utilisé pour les vendanges, la pluie, les étangs, la terre de Sologne faite ici d'argile dans les couches superficielles et, en profondeur, de silex. En somme, ils sentent la nature. On l'avait presque oublié, ces dernières décennies : le vin est un produit naturel ou, du moins, devrait l'être. «Seulement, égrène ce coléreux, le fric, les rendements, la pétrochimie, les margoulins et les igno-rants ont tout bousillé et, bientôt, nous aurons aussi le vin fou.»
Courtois est un radical de la vigne, bâti comme un rugbyman qu'il a été , habillé, tressé et barbu comme un traveller anglais, un anar, qui a fait schisme avec une bonne partie de son milieu, mais certai