Le contraste est saisissant. L'an dernier, à la même date, la planète entière était en fièvre. [...] Chaque pays, à tour de rôle, s'éclatait dans des réjouissances grandioses pour saluer, affirmait-on, l'arrivée du nouveau millénaire. Et tous les réseaux de télévision du monde rivalisaient d'enthousiasme pour communiquer cette fébrilité collective. Cette année, c'est le calme plat. Quelques spectacles, des réveillons sans éclat pour célébrer la Saint-Sylvestre, un rappel de la liste des grands disparus, quelques fêtes de famille pour s'échanger des voeux auxquels à peu près personne ne porte attention. Autre différence notable: le passage à l'an nouveau s'effectue cette fois sans cette sourde hantise de cataclysmes mystérieux, de catastrophes techniques ou naturelles liées à un mythique changement de millénaire.
Cette totale sérénité met en relief le caractère futile et artificiel des angoisses existentielles qui ont bouleversé des millions de gens l'année dernière. Des inquiétudes d'autant plus farfelues que, si elles avaient eu un minimum de fondement, c'est maintenant qu'elles devraient s'exprimer car, on l'a dit et répété, c'est demain que débuterait vraiment le nouveau millénaire. Du moins en principe. En principe, puisqu'il ne s'agit que d'une convention établie plusieurs siècles après l'événement qu'on prétend célébrer et, qui plus est, s'est appuyée au départ sur des données erronées. Avec comme résultat que, si on entend vraiment rappeler la naissance d'en enfant jui