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Libération
Éditorial

De la mondialisation au village planétaire

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publié le 3 janvier 2001 à 21h22

Quand on parle de mondialisation à A. K., enfant de la rue d'Abidjan, il pense à la Coupe du monde de football. Pour lui, ce terme renvoie à une qualification des Eléphants, l'équipe nationale de Côte-d'Ivoire pour le Mondial. A. K. ignore tout du bouleversement qui s'opère dans son univers quotidien, dans son pays, dans le reste du monde. Comme lui, un très grand nombre d'Ivoiriens (paysans, ouvriers, commerçants, et même fonctionnaires, etc.) franchissent l'ultime pas qui les introduit dans le nouveau millénaire sans la moindre idée du mode de fonctionnement d'un système créé par les puissances économiques et financières, et qui régente la vie sur terre. Ce système, qui a fini par être baptisé «mondialisation», ne date pourtant pas d'aujourd'hui. De la conférence de Berlin à la chute du Mur, toujours de Berlin, en passant par Yalta, les grandes puissances militaires et économiques se sont partagées les richesses de la planète grâce à une politique coloniale sans états d'âme. Cette domination du reste du monde par les puissances européennes, puis américaines depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a ruiné la capacité des peuples colonisés en général, africains en particulier, à construire des systèmes aptes à impulser et à réguler leur propre développement. L'ensemble du tiers-monde est ainsi devenu un vaste réservoir de matières premières agricoles et minières, de main d'oeuvre bon marché, etc. Les indépendances formelles n'ont fait que confirmer cette forme de mondia