Pendant la guerre, nous avions plus d'argent qu'aujourd'hui. Cette phrase revient de plus en plus sur les lèvres, avec la détérioration du niveau de vie. Certains Libanais ont même la nostalgie des années de guerre (1975-1990), malgré la mort qui guettait alors à chaque tournant de rue. Mais la perspective de mourir dans un bombardement paraît aujourd'hui moins pesante que celle de mourir de faim ou de vivre dans le besoin permanent.
La vie à crédit. La majorité des Libanais n'arrive plus à joindre les deux bouts. Ils doivent s'endetter ou recourir à l'achat à crédit, même pour les besoins de première nécessité, comme la nourriture, les vêtements, l'éducation et la santé. Le salaire minimum équivaut à 200 dollars (1 410 F, ndlr), ce qui suffit à peine pour un maigre repas quotidien, par personne et par mois.
La dernière augmentation des salaires remonte à 1996. Le niveau de vie des Libanais a commencé à se détériorer au début des années 90. La situation s'était aggravée en 1992 et avait provoqué la chute du gouvernement d'Omar Karamé. Les choses ne se sont pas améliorées avec l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Rafic Hariri.
Cette dégradation de la situation économique a eu des conséquences très graves. L'émigration, en particulier dans les rangs des jeunes, s'est accélérée, battant même le record qu'elle avait atteint pendant la guerre. Le chômage galopant atteint 37 % selon les dernières statistiques non officielles, alors que près de 40 % de la population vit à la limit