Il n'existe pas un seul autre pays au monde où l'on se prépare au nouvel an avec autant de dévotion que le nôtre. Pour nous, cela n'a rien à voir avec l'anniversaire d'un chef quelconque ou la fête du 1er Mai. C'est un moment de vérité, lorsque le passé s'en va pour céder la place à tout ce qui est nouveau. Mais en même temps que le passé se meurt, périssent aussi les nôtres, parce que rien au monde n'équivaut à nos soûleries du nouvel an. Nous ne céderons à l'ennemi aucune de nos fêtes sacrées accompagnant la nouvelle année. Il s'agit d'abord de préparer le sapin avec un soin tout particulier. C'est d'ailleurs le rôle des femmes et des enfants que de le décorer, le nôtre étant de réussir à le faire tenir, ce en quoi une bonne bière aide toujours. Ensuite, on dira au revoir à l'année qui s'achève au bania (bain de vapeur russe, ndlr) s'il le faut, et plus on commencera tôt, mieux ça vaudra. Puis on boira un petit coup de champagne quand les douze coups de minuit sonneront à l'horloge du Kremlin. C'est seulement alors que le réveillon commencera, et sa réussite dépendra de notre degré de préparation (en nombre de bouteilles, ndlr).
Nous sommes toujours à la hauteur. Mais le plus intéressant, c'est que c'est uniquement ici, en Russie, que la vie nous donne la possibilité de réparer les erreurs commises lors de la dernière fête, ou encore de répéter nos succès. Car, dans deux semaines, nous célébrerons la «vieille nouvelle année» (selon le calendrier julien, cette fête a lieu