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Libération

« L'impact de l'affaire Monica a été dévastateur»

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par Joe Klein, journaliste au «New Yorker» et auteur du roman best-seller «Primary Colors», dont le héros est directement inspiré de Clinton. Il a interviewé le Président à plusieurs reprises.
publié le 19 janvier 2001 à 22h00

J'ai demandé un jour à Clinton quel avait été l'impact de l'affaire Lewinsky sur la substance de son action gouvernementale. Il a commencé par me répondre qu'il ne savait pas trop ; puis il a admis qu'il aurait peut-être pu faire passer la réforme de l'assurance maladie (Social Security) et de l'assurance vieillesse (Medicare) s'il n'avait pas offert aux républicains, et aux médias, l'occasion de faire diversion de manière irrésistible. Son échec à réformer le Medicare était particulièrement irritant : les grandes lignes d'un compromis acceptable avaient été préparées par le sénateur John Breaux et le représentant Bill Thomas. Dans un autre contexte politique, le Président aurait pu négocier une version plus acceptable de la loi proposée et forger une coalition bipartisane pour la faire adopter. «C'était notre plan, dit un des plus proches conseillers de Clinton. Breaux était avec nous. Nous savions que c'était dans la poche.»

Mais le projet Breaux-Thomas fut lancé au printemps 1999, à un moment où le Président ne pouvait plus se permettre de se mettre à dos les démocrates libéraux à la Chambre des représentants. Il dut s'opposer au projet de loi et perdit toute chance de pouvoir réformer le Medicare. Ce qui scella le plus grave échec de son mandat : son incapacité à rénover des programmes sociaux pour les vieux, anachroniques et de plus en plus coûteux, pour les remplacer par un nouveau système de protection sociale, incluant l'assurance santé pour tous, adapté à l'ère de l'