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Libération
Interview

« Le coeur et l'émotion dans la politique»

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publié le 19 janvier 2001 à 22h00

Ce qui me frappe, c'est combien il est difficile de dire quel a été le bilan de Clinton. Vous pouvez dire que Jimmy Carter a échoué. Que Ronald Reagan a réussi. Que Bush, lui, a réussi la guerre du Golfe mais a échoué en politique intérieure. Mais avec Clinton, le bilan est encore flou. Tout dépend de ce qui va se passer. On dit qu'il a changé le parti démocrate, qu'il a convaincu l'homme de la rue que c'était devenu un parti responsable. Pourtant, les démocrates ont perdu des sièges au Congrès. Et malgré la prospérité économique, Al Gore n'a pas été élu. Il est trop tôt pour dire si l'épisode Clinton n'aura été qu'un intermède dans une longue ère républicaine ou s'il a changé le parti démocrate et s'il lui a donné, en le tirant vers la droite, un socle électoral. Tout dépend de ce qui va se passer avec Bush. Ê

Ce qui est certain, c'est que Clinton a changé le style de la politique en Amérique. Clinton, c'est le politicien qui compatit, qui partage les peines de ses interlocuteurs, les comprend. J'ai la conviction que le «conservatisme du coeur» (compassionate conservatism) de George W. Bush est une réponse directe à Bill Clinton. Ce dernier a introduit l'émotion, les épanchements, le «coeur» dans le débat politique, pour le meilleur ou pour le pire. Personnellement, je pense que c'est pour le pire. Pour un homme politique aujourd'hui, il ne suffit plus de mettre en oeuvre de bonnesÊpolitiquesÊou d'articuler des principes et des idées. Il doit sans cesse «compatir». S'intéres