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Libération
Interview

« Un sujet de rêve pour les photographes».

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publié le 19 janvier 2001 à 22h00

Le visage de Bill Clinton est très mobile et affiche toujours une expression : la joie, la colère, la tristesse... Et, ce qui est agréable pour un photographe, il ne cligne presque jamais des yeux et il n'a pas de tics. George Bush, le père, montrait toujours l'intérieur de ses lèvres et tordait la bouche. Je l'ai photographié (j'étais alors journaliste). Eh bien, sur 36 photos de George Bush, il n'en restait que 3 ou 4 sur lesquelles il n'avait pas l'air d'un idiot. Avec Clinton, c'était l'inverse. En outre, il était très concentré sur ce qu'il faisait et il oubliait facilement l'objectif. Son visage était naturel, très candide : il ne «jouait» jamais pour le photographe. Etait-il conscient que je prenais des photos ? Comment savoir... A mon avis, il n'en était pas conscient. Très Êsouvent, j'étais la seule personne dans le Bureau ovale, et il continuait à travailler, comme si je n'étais pas là. Bien sûr, j'étais dans la pièce, il le savait. Mais il avait accepté ma présence et je ne le dérangeais pas du tout. Je travaille avec un Leica, très silencieux. Je me mettais dans un coin, je bougeais très lentement. Alors il ne faisait plus attention à moi. Pendant sa première campagne, en 1992, ilÊm'avait dit de me mettre à l'aise et de prendre des photos, et qu'il me préviendrait si cela le dérangeait. Cela n'est arrivé qu'à deux reprises. La première, ce fut juste après la mort des soldats américains en Somalie. Il était en train d'en être informé par les militaires. C'était un