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Libération

Les Arabes israéliens en berne

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Habituel soutien des travaillistes, ils sont tentés de boycotter les élections.
publié le 6 février 2001 à 22h39

Haïfa, Kfar Kassem

envoyé spécial

Acause du linge suspendu au balcon, au coin de la rue Wadi et de celle du Marché qui traversent le quartier arabe de Haïfa, on ne prête guère attention au drapeau israélien qui se trouve en dessous des maillots qui sèchent. Etrange bannière puisque, en son centre, on n'y retrouve pas l'habituelle étoile de David, remplacée par un miroir qui renvoie son image au passant. Dans ce drapeau sans étoile, Victor le Pêcheur ­ c'est le nom de sa poissonnerie qui se trouve en face ­ voit la métaphore de l'Etat israélien idéal. C'est-à-dire un pays où toutes les communautés ­ juive, arabe, druze, bédouine... ­ pourraient se retrouver, où, se regardant dans le miroir, chacune y lirait son reflet. «Celui qui regarde ce drapeau, il se voit lui-même et il sait alors qu'il appartient à l'Etat. Mais s'il voit l'étoile de David, ce n'est plus pareil», explique cet Arabe d'une cinquantaine d'années, de confession chrétienne. A côté de lui, son ami Jamal, un Arabe musulman, acquiesce. Un autre copain, un juif de la ville, évite, lui, de se mêler à la conversation. Les trois hommes sont occupés à réparer un bateau sur le trottoir.

Coexistence. Ce drapeau israélien est une oeuvre d'art contemporain. Chaque année, les rues de ce quartier arabe plutôt pauvre, en grand besoin de rénovation, sont transformées en galerie d'avant-garde. Une centaine d'artistes israéliens, juifs et arabes ­ ces derniers se comptent sur les doigts d'une main ­ ont contribué à cette expositi