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Libération
Interview

«Je chante c'est un peu je déchante»

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Le 21 octobre 1999, Charles Trenet donnait à France Inter une de ses dernières interviews. Extraits.
publié le 20 février 2001 à 23h03

Le 21 octobre 1999, à l'occasion de la sortie de son nouvel album désormais historique les Poètes descendent dans la rue, et juste avant une série de trois récitals à la salle Pleyel, Charles Trenet donne une interview à France Inter. Il est arrivé, grand, un peu voûté, très chic en costume vert absinthe, accompagné d'un fidèle secrétaire chauffeur qui, au petit doigt, portait la même chevalière que lui. Dés les premières questions, Trenet entraînait l'entretien là où il avait envie qu'il aille: sur le terrain de la poésie, de la musique, des souvenirs familiaux et de la déconne...

C'était le jour où Maurice Papon avait été débouté de son pourvoi en cassation. Dans l'ascenseur, en quittant la Maison de la Radio, avec un détachement amusé devant la frénésie médiatique qui s'emparait de cet événement, Charles Trenet, mezzo voce, se mit à fredonner sur l'air de la sirène de police: «Pa-pon-Pa-pon...»

Si je dis «Vous êtes un poète», la définition vous convient?

Je m'en doutais un peu, je n'en étais pas sûr, je ne suis pas encore très sûr quand je me relis. Je suis mauvais arrivé, mais bon à rêver.

Les poètes, ce sont ceux qui rêvent pour nous?

Oui. Nous pourrions leur rendre la politesse et rêver pour eux aussi.

Vous avez comme ça des chansons qui vous trottent dans la tête tout le temps, des ritournelles?

Ce sont surtout des chansons anciennes du folklore, A la claire fontaine, ces choses-là, des chansons de Louis XIII: «Au jardin de mon père, les lilas sont fleuris...» Très pudique,