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Libération
Interview

«L'oreille alerte, en do et en fa».

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Roger Pouly a été pendant trente ans le pianiste de Trenet.
publié le 20 février 2001 à 23h03

«J'avais rencontré Charles Trenet à France Inter où son frère Claude produisait une émission quotidienne. Aux Grand Prix Charles Trenet, j'écrivais les arrangements des jeunes auteurs-compositeurs qui se présentaient. Nous avons fait un Olympia en 1972 avec grand orchestre, puis un autre avec dix musiciens, deux ans plus tard. Trenet rêvait déjà de se produire sur scène avec deux pianos. Durant cette période, il n'avait plus trop de succès. Depuis son retour au Printemps de Bourges en 1986, jusqu'à Pleyel en 1999, les salles n'ont pas désempli.

Improvisateur. Trenet était un instinctif. Sur scène, il pouvait soudain lui arriver de s'arrêter au milieu d'une chanson, ou de changer l'ordre du programme. Comme il ne supportait aucun retard, il commençait pile à l'heure annoncée. Parfois, la salle se remplissait encore durant les premières chansons. Mais pour lui, 20 h 30, c'était 20 h 30. Il s'était installé à 18 heures dans le théâtre. Une demi-heure plus tard, la balance était prête. Il restait ensuite seul dans sa loge à se répéter ses textes, qu'il chantait sans prompteur.

Trenet avait une facilité étonnante à composer, presque du premier jet, et toujours dans les mêmes tonalités, en do et en fa. En studio, c'était pareil. Il n'y avait qu'une prise. Ça lui venait sans effort. Il m'appelait ensuite pour les arranger. Je pouvais faire l'aller-retour dans la journée pour en noter quelques-unes à Juan-les-Pins. Il était très précis sur les accords. Malgré son âge, il avait une ore