Connu universellement sous l'appellation de «Fou chantant» («the Singing Loony» chez nos amis américains), Charles Trenet fut aussi, pour beaucoup, le «premier chanteur de jazz français». Bien avant que Jean Sablon alias «the French Troubadour», le Bing Crosby du Val-de-Marne, ne s'associe à Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, ou que le Guyanais hilare Henri Salvador ne gratte sa guitare exotique au Jimmy's.
Le jazz, curieusement, Trenet l'a découvert à Berlin, ville dans laquelle sa mère a choisi de refaire sa vie et où, à partir de 1928 (date de son renvoi du lycée de Perpignan), il suit les cours de la Künstgewerbeschule, une école d'arts plastiques renommée. D'abord amusé, c'est avec un intérêt croissant qu'il écoute ensuite, en boucle, les enregistrements de George Gershwin (Rhapsody in Blue, en particulier), mais aussi ceux de Duke Ellington et de Fats Waller, qui constituent l'essentiel de la discothèque de son beau-père: le cinéaste Benno Vigny.
Aussi ne s'agit-il pas vraiment d'un hasard si c'est au College Inn, le club de jazz de la rue Vavin, que Trenet (qui, entretemps, a longuement décrit sa passion pour cette musique dans la revue du poète Albert Bausil, le Coq catalan) va faire, en 1933, la première rencontre déterminante de sa carrière naissante: celle du pianiste et chanteur suisse Johnny Hess, futur interprète de Je suis swing. Ainsi naîtra l'association slow fox «Charles et Johnny» appelée, après des débuts difficiles, à connaître un énorme succès.
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