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Libération

Un vide à l'écran.

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La rencontre ratée du chanteur avec le cinéma.
publié le 20 février 2001 à 23h03
(mis à jour le 20 février 2001 à 23h03)

Il avait tout pour rénover le cinéma musical à la française, les chansons, bien sûr, la voix, mais aussi un physique de jeune premier. Las! On peut dire que la filmographie du Fou chantant, si elle est très chantante, reste des plus raisonnables. Il vient à peine d'exploser à l'ABC qu'un tâcheron, Pierre Caron, lui offre son premier film, dont ­ hélas ­ il écrit scénario et dialogues (plus tard, il s'est vanté de l'avoir fait en deux jours)... Le plus grand charme de la Route enchantée, pour les esthètes, reste la confrontation entre Marguerite Moréno (grande muse symboliste) et Trenet. Et les chansons, bien sûr. Le malentendu s'installe; l'univers cocasse des chansons de Trenet a du mal à se développer au cinéma, et des mimiques, efficaces vues d'une place de music-hall, sont pénibles en gros plan. De Christian Stengel (Je chante, 1938) et Jean Boyer (la Romance de Paris, 1941; Frederica, 1942), on ne peut pas dire que ces cinéastes soient passés à la gloire (sauf Jean Boyer comme increvable auteur de navetons). Au mieux, ce sont des souvenirs d'époque mis sur cellulloïd, aujourd'hui délectables en vidéo. La rencontre avec les frères Prévert semblait plus prometteuse. Le scénario de Jacques, déjà, était plus étoffé, appelant discrètement à la résistance morale sinon devant l'occupant au moins devant l'argent. La mise en scène de Pierre était à cent coudées d'un Jean Boyer, et la distribution comprenait Pierre Brasseur, Denise Grey, Carette. Las! C'est Trenet qui sabotera Ad