Comment la gauche peut-elle perdre à Toulouse alors qu'elle est majoritaire? Tout simplement parce que le mot «gauche» recouvre dans cette ville, plus qu'ailleurs, des réalités contradictoires.
Les électeurs qui ont voté le 11 mars pour des listes étiquetées «de gauche» correspondent en fait à trois familles politiques différentes.
La gauche «sociale», pas très démocrate
Le premier courant correspond à une posture tribunicienne, oppositionnelle et peu encline à assumer des responsabilités de gouvernement. Elle se polarise sur une redistribution plus égalitaire des revenus et concentre ses revendications sur l'Etat central et se désintéresse du local. Elle ne s'intéresse à la démocratie participative que comme substitut à la démocratie représentative, qui provoque chez elle une allergie chronique. Elle regroupe majoritairement des personnels «à statuts», rejoints par des jeunes scolarisés. Dans le cadre des municipales, ce groupe était représenté par les trois listes d'extrême gauche, par le PCF au sein de la liste de gauche de François Simon, et par une partie des Motivé-e-s.
La gauche radicale, pas très socialiste
Héritière du radicalisme de la IIIe et de la IVe Républiques, cette famille est puissante dans le Sud-Ouest. Elle correspond à des postures laïques, modérément progressistes, tolérantes, mais peu encline au débat citoyen et au conflit politique. Le clientélisme n'en est pas absent et l'ouverture à l'autre, dans le principe, n'exclut pas, en pratique, la recherche de l'