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Libération
Psychanalyse

Lacan revisité

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Vingt ans après sa mort, il est bien là, dans la mémoire collective et au croisement des sciences humaines.
Jacques Lacan, en juin 1976. (Maurice Rougemont/Opale. Leemage)
publié le 13 avril 2001 à 0h29

Lacan y es-tu ? A être ainsi évoqué, l’esprit du Maître se garderait assurément de frapper les trois coups. Tant mieux, dira-t-on. Car on se trouverait fort dépourvu si le loup, ou le fantôme, soudain se manifestait. Avec la figure de Jacques Lacan, mort il y a vingt ans et dont on célèbre en ce 13 avril le centenaire de la naissance, réapparaîtraient en effet tous les démons et merveilles de la culture française ; revivraient tous les débats philosophiques de l’après-guerre, les sciences humaines, de la linguistique à l’anthropologie ; et du vase de Pandore sortiraient pêle-mêle structuralisme et surréalisme, littérature, religion, esthétique, folklore et vraie science, histoire et sismographie du mouvement psychanalytique international, querelles d’écoles et de chapelles, scissions, anathèmes et béatifications, procès, guerres fratricides... Aussi est-il préférable de le laisser en quelque Olympe, de l’y faire poursuivre la tâche qu’il se donnait en 1964, année où, exclu de la Société psychanalytique de Paris (SPP), il crée l’Ecole freudienne de Paris (EFP) : «La vérité, c’est ce qui court après la vérité ­ et c’est là où je cours, où je vous emmène, tels les chiens d’Actéon, après moi. Quand j’aurai trouvé le gîte de la déesse, je me changerai sans doute en cerf, et vous pourrez me dévorer, mais nous avons encore un peu de temps devant nous.»

On ne sait pas si Lacan a pu surprendre la vérité toute nue, mais il est certain que, depuis, il a été de toutes les façons «dévoré»