Une gestation sous haute surveillance, où presque rien n'a été laissé au hasard. Couleurs flashy, iconographie très consensuelle, les sept billets en euros font, graphiquement s'entend, l'unanimité.
Leur gestation, à l'abri des murs de la Banque centrale européenne, ou plus exactement de la tour où elle siège à Francfort, a relevé d'un exercice de diplomatie de haute voltige. D'entrée de jeu, dès 1995, l'IME (Institut monétaire européen), l'ancêtre de la BCE, cadre l'exercice. Première décision d'importance : que graver sur les billets ? Chaque nation possède sa tradition : les Anglais exhibent leur reine, les Luxembourgeois leur grand-duc et les Belges leur Albert.
Une trentaine de thèmes. Comment ne froisser personne ? L'IME s'entoure d'un petit cercle d'experts. Ils listent une trentaine de thèmes plus ou moins innocents, dont faune et flore, mythes et légendes, ou encore les pères fondateurs de l'Europe, sujets auxquels les Européens auront finalement échappé. Restent en lice deux registres : «périodes et styles de l'Europe» et «art abstrait». Pas d'appel public aux artistes, mais un concours bridé avec soin par les gouverneurs des banques centrales, qui choisissent leurs challengers dans le cercle très fermé des dessinateurs de billets.
Taille croissante. L'exercice est sous contrôle. Le cahier des charges soumis aux designers court sur une trentaine de pages : taille, couleur, signes de sécurité, tout y est décrit. A force d'obstination, les malvoyants ont réussi à se fai