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Libération

Le grand saut dans l'euro

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publié le 20 avril 2001 à 0h32

Bruxelles (UE), de notre correspondant .

Une affaire sans précédent : pour la première fois depuis que le monde est monde, douze pays souverains, aux histoires millénaires, vont se défaire de leurs pièces et de leurs billets, symboles forts d'identité, pour adopter des signes monétaires communs créés ex nihilo. Certes, l'euro existe depuis le 1er janvier 1999. Certes, depuis cette date, les monnaies nationales ne sont plus que des «subdivisions» de la monnaie unique. Mais tout cela était théorique. Bientôt, dès le 1er janvier 2002, c'est de pratique qu'il s'agira.

L'événement n'est pas la substitution en elle-même : les monnaies naissent, évoluent et parfois meurent. Il arrive aussi que des empires imposent l'usage de leur monnaie aux pays soumis. Enfin, quelques unions monétaires ont été tentées, en général sans succès, hormis celle qui a uni la Belgique et le Luxembourg entre 1921 et 1999. La nouveauté est ailleurs. Elle réside dans le caractère consenti et pacifique de l'opération.

Sécurité. Elle est d'autant plus exceptionnelle qu'elle sera gigantesque puisqu'elle concernera douze Etats formant ensemble la deuxième puissance économique du monde. Il faut se représenter la chose : entre le 1er janvier et le 28 février 2002, quinze milliards de billets et cinquante milliards de pièces en euros ­ dont le design définitif ne sera dévoilé, pour des raisons de sécurité, que le 30 août prochain ­ vont remplacer les mêmes quantités de monnaie nationale en circulation dans l'Euroland