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Libération

PORTUGAL. La conversion des infidèles

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Dans les paroisses, l'Eglise prêche pour la monnaie unique.
publié le 20 avril 2001 à 0h32

Montalvao (Haut-Alentejo) envoyé spécial

«Est-ce que la vie sera plus chère avec l'euro ?» «Est-ce que je pourrai faire mes courses en Espagne sans aller à la banque ?» «Qu'est-ce que vaudront les retraites ?» La scène se passe dans la maison du Peuple de Montalvao, village blanc du Haut-Alentejo, à un jet de pierre de la frontière espagnole. A l'appel du père Manuel Horacio, ils sont une cinquantaine, retraités en majorité, à s'être déplacés à cette «réunion d'information sur l'euro», la première jamais tenue dans cette bourgade reculée. Face à ses fidèles, le curé commente une affiche avec des exemples de conversion. «Vous avez tous bien compris ? Si un café vaut 4 escudos, combien cela fait-il en euros ?» Pas de réponse. Et le père Manuel Horacio de poser sur une table des dizaines d'imitations de billets en euros avec équivalence en escudos. «Que chacun parte avec quelques-unes de ces coupures et s'entraîne chez lui. En septembre, je reviendrai, et on fera d'autres exercices pratiques.»

Tracts au sortir des messes. L'Eglise catholique a décidé de prêter main forte aux autorités portugaises dans sa campagne de l'euro, en mai 2000. Depuis, Manuel Horacio s'est dépensé sans compter dans les douze villages, soit huit paroisses, dont il a la charge : affichages de posters aux portes des églises, distributions de tracts au sortir des messes, débats dans les centres sociaux... «De l'extérieur, cela semble des actions un peu simplettes, confie-t-il, mais même si cette région est à