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Libération

«Catch a Fire», double plaisir.

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publié le 9 mai 2001 à 0h49

L'événement discographique de cette célébration reste l'Edition de luxe Catch a Fire, un double CD réunissant, sous un fac-similé de la pochette originale, la version classique et celle de Jamaïque, telle que livrée par Bob Marley à Chris Blackwell, le patron d'Island Records. Deux CD pour le prix d'un, c'est une bonne affaire, mais c'est plus que cela.

Déjà, la dispute fait rage entre les «pro-nouvelle version» et «pro-ancienne version». Car il faut admettre que la postproduction réalisée par Blackwell est magistrale ; et l'on se dit que, sans elle, les Wailers n'auraient sans doute pas réussi leur percée. Le mix de Concrete Jungle, hypnotique, mystérieux, vous prend aux tripes ; celui de 400 Years gomme un peu le malaise insupportable qui se dégage de l'original de Peter Tosh ; et les guitares rythmiques encore vaguement ska de l'époque sont repoussées au fond du mix, quand elles ne sont pas totalement supprimées.

Reste que le son jamaïcain, modestement enregistré sur un huit-pistes, se sort magnifiquement de la comparaison ; il est même beaucoup plus équilibré et sensuel que celui de Blackwell. Et puis ces guitares ska, on les aime ! Elles sont le coeur douloureux de Concrete Jungle, et nous manquerons désormais à l'écoute de la version anglaise. Quant aux voix, leur traitement est parfois naïf mais plein d'humanité, surtout sur le lancinant Kinky Reggae, une chanson que cette version magnifie. Des deux titres virés par Blackwell sur l'album définitif, All Day All Night n'é