Treize ans après la présentation de Mapantsula, le documentariste sud-africain Oliver Schmitz, 40 ans, est de retour à Cannes avec son second film de fiction, Hijack Stories.
Vous définissez «Hijack Stories» comme un film de gangster postapartheid...
C'est un film qui a pour cadre une nouvelle société ne parvenant pas vraiment à s'émanciper de celle qui l'a précédée. D'un côté, on a le regard de quelqu'un qui, désireux d'oublier le passé, cherche à se réinventer. De l'autre, celui de quelqu'un dominé par la colère et prisonnier de son scepticisme concernant la prétendue évolution de la société.
La «génération arc-en-ciel» évoquée existe-t-elle?
Le terme a été employé pour la première fois par Desmond Tutu lors d'un gigantesque meeting, avant la libération de Mandela. L'euphorie était alors générale. Quand il est apparu ensuite évident que la nouvelle société (multiraciale, ndlr) n'allait pas forcément correspondre à ce que tous attendaient, le terme a été détourné dans un sens plus péjoratif.
Comment vous est venue l'idée de ce film?
A force de travailler avec des jeunes de cette génération, j'ai réalisé à quel point ils étaient différents de leurs parents. Si les classes laborieuses perpétuent une certaine continuité, à partir des classes moyennes les mentalités ont radicalement changé. Les jeunes ont perdu non seulement leur culture globale mais également leur langage africain. Ce qui accentue d'autant l'éclatement de la société.
Est-ce difficile de tourner à Soweto?
Beaucoup moin