Chaque jour, un exercice de style autour d'un genre journalistique. Après le rectificatif, la nécrologie...
Le critique de cinéma Reidid Norèp est mort bêtement avant-hier en dérapant sur une algue mazoutée au lieu-dit Pors-Carn (Finistère). Agé de 34 ans, on ne lui connaissait ni femme, ni enfant, ni ami, ni amant, ni animaux de compagnie. Il était entré au quotidien Affliction comme pigiste en 1993, suite à un gros coup de piston demeuré anonyme. Dès ses premières contributions, son style ampoulé éclata au visage de la rédaction en chef, qui comprit qu'elle n'était pas au bout de ses peines. Arguant d'une lourde hérédité et de complexes problèmes familiaux (père alcoolique et paranoïaque obsessionnel, mère couturière manchote, soeur nymphomane, le visage dévoré par un psoriasis virulent, frère nain hydrocéphale en fauteuil roulant...), il parvint à amadouer les plus récalcitrants à sa prose cinéphile et continua sa petite production à un rythme soutenu, couvrant de son mépris l'actualité des sorties hebdomadaires, qu'il qualifiait de «wagons à purin». Sujet à des crises convulsionnaires pendant les projections, frappant volontiers ses collègues avec une espèce de canne en fer, les cloisons nasales intégralement détruites par une consommation inouïe de poppers et de colle à rustine nécessaire au déclenchement de l'écriture, exsudant les cocktails médicamenteux, il avait pris l'habitude de rédiger ses diatribes avant d'avoir vu les films, selon le principe qu'il n'est pas d'a