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Libération

Mort sous pseudonyme.

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publié le 24 août 2001 à 0h28

Chaque jour, un exercice de style autour d'un genre journalistique. Après le rectificatif, la nécrologie...

Rémy Fassole est mort, la nouvelle qui affecte tous ceux qui l'ont approché, et touche ceux qui ont pu admirer sa carrière discrète et sa dignité dans l'adversité, nous parvient aujourd'hui par le truchement d'une annonce payante (et anonyme) dans la rubrique décès du Courrier de Lausanne. L'événement remonterait à plusieurs semaines, son inhumation aurait eu lieu en présence de deux de ses collaborateurs, en Sardaigne où, depuis quelques années, il coulait une retraite heureuse et méritée, dans la discrétion d'un pseudonyme et sous bonne garde.

Les circonstances de son décès ne sont pas connues, mais un journal sarde et malveillant du mois dernier relatait une enquête de police diligentée pour assassinat (on parlait d'une grenade offensive lancée au travers d'une grille de sa chambre à coucher) et concluant à un accident au cours du maniement maladroit d'un briquet jetable. Rémy Fassole avait 83 ans, et le havane fut son seul péché mignon.

Rémy Fassole est né en 1918, il n'a jamais connu ses parents, on l'a retrouvé bébé emmailloté dans une tranchée du Chemin des Dames quelques jours avant l'Armistice, le soldat qui le découvrit souhaita garder l'anonymat (Fassole se plaisait à évoquer sa filiation avec le fameux soldat inconnu) et lui donna le nom de Prosper Sauvé des Obus pour lui porter chance. Il fut confié à un orphelinat de Soissons où il laissa le souvenir d'un en