New York de notre correspondant
Ils sont des dizaines, des centaines, des milliers. Des hommes et des femmes frappés par le même malheur, la même malédiction. Victimes à distance d'une tragédie qui ne les a pas épargnés. Ils ont tous une photo à la main, une photocopie quelquefois, dernier souvenir d'un proche qui n'est toujours pas rentré. Et ils attendent, regard baissé, en file indienne, dans l'espoir qu'enfin quelqu'un leur dise quelque chose.
C'est là, au coin de la 26e Rue et de Lexington Avenue, à la New York Armory, ancienne armurerie de l'armée américaine, que les autorités ont décidé jeudi d'ouvrir le centre des familles de disparus. Le maire, Rudolph Giuliani, a décidé d'intervenir: jusqu'ici, ceux qui avaient perdu tout contact avec leurs pères, leurs mères ou leurs frères depuis le 11 septembre prenaient d'assaut les hôpitaux de la ville.
«Moi, je ne veux pas grand-chose. Je veux trouver mon frère. C'est tout, juste trouver mon frère.» De l'autre côté de Lexington, entre les barrières dressées par la police pour contenir la presse, Trudy Calendrillo a du mal à trouver ses mots entre les sanglots. Son frère, Josep, travaillait au 90e éta ge de la deuxième tour du World Trade Center. Elle ne sait rien de ce qui lui est arrivé. «C'est un homme extraordinaire. Je suis sûre qu'il a essayé d'aider les gens autour de lui. Peut-être qu'il n'a pas pu sortir. Je ne sais pas, je ne sais plus. Si vous avez une information, s'il vous plaît, appelez-moi, appelez ma mère.»
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