«Chapter one : il adorait New York. Il l'idolâtrait au-delà de toute mesure. Non, commençons plutôt ainsi : il romançait New York au-delà de toute mesure. Pour lui, quelle que soit la saison, New York restait une ville qui existait en noir et blanc et qui vibrait au rythme du grand Gershwin...» Souvenez-vous, une voix off, un début de film, Manhattan, Woody Allen rendait hommage à sa ville préférée. A New York, la cité la plus rêvée du monde, là où se sont fomentées des utopies à foison, une ville qui a ouvert grand ses avenues aux réfugiés de la planète lorsqu'ils se sentaient miséreux dans une vie étriquée, ou que de barbares uniformes venaient d'investir... Ils se sont appelés Bela Bartok, Bertolt Brecht, Marc Chagall, André Breton, Fernand Léger, Saint-John Perse, Claude Lévi-Strauss... Que l'on se souvienne encore de films où des hommes et des femmes enlacés, vêtus de manteaux élimés, cols relevés, debout à côté de malles et de valises sur le pont des bateaux, pleuraient en découvrant le symbole tant espéré de la Liberté de Bartholdi. Tout au long du XXe siècle, New York fut imaginé par les émigrés, célèbres ou pas, comme un sanctuaire où le temps du monde ne pourrait exercer aucune prise sur celui de leur nouveau quotidien.
Aujourd'hui, 23 novembre 2001, le ciel est immaculé, l'air est doux, la ville meurtrie semble en convalescence. On se promène en chemise et blouson, les feuilles des érables du City Hall Park sont à peine piquetées de jaune. J'ai rendez-vous avec New