Accoudées aux berges de la Dyle, quelques péniches s'ennuient de l'été qui s'enfuit. Le long du canal, les anciennes industries alignent leurs friches. Le ciel trop bas, trop gris, s'accroche aux planches tordues, au métal rouillé, aux enchevêtrements indistincts. Dans la proche banlieue de Louvain, à un kilomètre à peine du coeur de la ville étudiante, il faut s'engager sous le pont qui mène à l'autoroute, puis prendre directement à droite. La Dijledreef ­ drève de la Dyle ­ est coincée entre la voie du chemin de fer, le canal et un tronçon de la E 314. C'est là que les autorités communales ont aménagé un terrain réservé aux gens du voyage. Le sol asphalté évite aux enfants de courir dans la boue. Les caravanes sont méthodiquement installées sur les différentes parcelles, ceinturées de rectangles d'herbe. A côté de chacune d'elles, un petit bâtiment en dur abrite des sanitaires rudimentaires ­ un WC et un lavabo. Pour donner le bain aux enfants, on fait chauffer l'eau dans une bouilloire électrique, à l'intérieur de la roulotte.

«C'est vrai qu'il va venir ici, le roi?» Ismaïl, sourire effronté, doit avoir 9 ou 10 ans. Il porte à l'oreille gauche une boucle en argent terminée par une croix. C'est vendredi, mais le petit gitan n'est pas à l'école. «Parce qu'il a un peu mal à la tête, la fièvre», dit sa mère. «Dis, le roi, il va venir ici?», insiste le môme. L'annonce, il y a deux jours, du parrainage royal du petit Albert, né le 7 février 2001, s'est répandue comme une traînée