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Libération

Alice au pays des télémerveilles

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La cartomancienne bat des records d'audience avec ses prophéties.
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publié le 3 janvier 2002 à 21h34

Que recherche le scorpion Michela, en pleurs parce que ce cancer de Marcello veut l'abandonner depuis qu'il a découvert qu'elle ne peut avoir d'enfants? Que cherche Rosaria, veuve depuis cinq ans, qui doute que Roberto soit l'homme idéal pour refaire sa vie? Que recherche Elena qui craint que son Antonio ait une autre femme? Elles cherchent toutes la même chose, elles cherchent la Papesse. La papesse de papier, la figure la plus puissante des tarots, celle qui résout tous les problèmes. Ou mieux, elles cherchent la papesse en chair et en os, celle qui sait faire parler le paquet de cartes. La papesse Alice n'est pas difficile à trouver. Sur cette immense place du Marché virtuelle qu'est la télévision, les tables des cartomanciennes sont à portée de télécommande. Impossible de ne pas tomber sur Alice: elle enregistre dix émissions par mois en direct, chacune est rediffusée trois ou quatre fois sur une trentaine de chaînes. Alice est toujours sur les ondes, comme une vraie magicienne. «Non, je ne suis pas une magicienne, proteste-t-elle. Les seules fatture (factures ou maléfices en italien, ndlr) que je fais sont celles qui comportent la TVA, et j'en émets beaucoup... Moi, je ne crois pas à la magie. C'est comme entendre un prêtre dire qu'il ne croit pas à la religion. Mais il n'y a rien de magique dans les cartes. Ce ne sont que des symboles que l'on apprend à lire comme on apprend l'alphabet.»

Alice a fait école. Dans un petit immeuble anonyme, le long de la via Flaminia, Gra