L'arrivée de l'euro constitue un grand pas vers une identité européenne com mune. [...] Le Danemark a choisi, lors de deux référendums en 1993 et en 2000, de rester en dehors de ce mouvement vers l'intégration européenne que constitue l'Union monétaire.
Cet isolement voulu aura probablement une fin. Même si les eurosceptiques sont nombreux dans notre pays, nous sommes aussi une nation de pragmatiques. Notre position vis-à-vis de l'euro va changer avec la mise en circulation de la monnaie unique. Mais le jour où l'adoption de l'euro deviendra une revendication du peuple danois n'est pas pour demain. A moins que les responsables politiques danois n'exposent, comme ils ne l'ont jamais fait auparavant, le but et les conséquences de l'Union monétaire.
Les Danois ont besoin de l'entendre dire de façon retentissante et sans rougir: l'euro est avant tout un projet politique destiné à tisser entre elles les économies des pays membres. Il s'agit, par exemple, que ne se reproduisent plus les deux guerres qui ont déchiré l'Europe au siècle dernier.
Nous avons besoin d'une Europe unie et l'euro constitue à présent le moyen le plus important d'y parvenir. Comme l'a dit l'ex-Premier ministre espagnol Felipe Gonzales: «L'adoption de la monnaie unique constitue la plus grande renonciation à la souveraineté nationale depuis la création de la communauté européenne.» Cette renonciation doit aussi être le point de départ de la longue marche du Danemark vers l'adhésion à l'euro. Il faut le dire tout