Quelle sont les vraies dispositions des Etats mem bres vis-à-vis de l'Union européenne? La question semble superflue, mais ne l'est pas. En période de crises ou à l'heure des réformes, les Quinze retrouvent à chaque fois leurs réflexes nationaux. L'épizootie de fièvre aphteuse a une fois de plus démontré que les pays membres de l'UE poursuivent avant tout leurs intérêts nationaux, et ne se souviennent qu'après, quand ils daignent s'en souvenir, de l'esprit européen qui est censé les animer. «Pas grave!», déclarait notre ministre de l'Agriculture Brinkhorst lors d'une visite à Bruxelles à l'heure de l'épizootie. «Il faut garder l'esprit pratique», ajoutait-il. En d'autres termes, la coordination européenne a été lente, alors qu'en temps de crise, il faut réagir rapidement.
Il y a eu d'autres exem ples ces derniers mois. Le plus frappant est sans conteste celui du gouvernement français, à l'automne 2000, lorsque le prix du gasoil a explosé et que Paris ne savait plus comment réagir aux exigences de ses transporteurs et agriculteurs. L'attitude complaisante du gouvernement français a incité le reste de l'Europe à mettre sur pied de vastes actions de protestation, qui ont mis les autres gouvernements au pied du mur.
Mais les intérêts nationaux ne font pas surface uniquement en temps de crise. Le sommet de Stockholm, qui traitait des réformes économiques, a été qualifié de «demi-succès» par le Premier ministre suédois, Göran Persson, lui-même. La France, l'Espagne, la Grande-Bretag