La création de l'euro représenterait [...] l'achèvement d'une étape très avancée de construction de l'Europe unie. Elle serait l'antichambre de la dernière grande étape, celle de l'Union politique, de la création d'un pouvoir politique souverain car puissant, grâce à l'euro. En réalité, la création d'une monnaie unique européenne n'a pas été le résultat d'une union économique [...]. Elle ne s'est pas non plus traduite par un processus favorable à l'émergence d'un pouvoir politique européen «fort» et démocratique. Bien au contraire. Elle a été créée dans un contexte de faiblesse des processus de convergence structurelle entre les économies des Etats de l'Union.
En outre, [...] la politique monétaire a été confiée à la Banque centrale européenne, organe d'experts, déclarée politiquement indépendante des pouvoirs politiques européens, ne rendant compte qu'à elle-même tout en étant, cependant, responsable de la valeur de la monnaie européenne vis-à-vis des opérateurs des marchés monétaires et financiers internationaux. [...] En réalité, [...] c'est la mondialisation des marchés financiers qui a imposé la création de l'euro dans le cadre d'une dépossession majeure de l'Etat de son rôle politique et souverain en matière monétaire.
Le fait que l'euro n'a aucunement, du moins pour l'instant, renforcé le pouvoir politique ni de la Commission européenne ni du Conseil des ministres, pour ne pas parler du pouvoir du Parlement européen, a été symboliquement consacré par la localisation de