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Libération

La fable de l'euro et de la machine

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publié le 3 janvier 2002 à 21h34

Elle pourrait presque faire pitié cette petite pièce banche d'un euro. La rapidité avec laquelle elle roule dans le distributeur de tickets de métro est pourtant pleine de promesses. Mais quelle déception quand une seconde plus tard elle retombe. «Paiement interrompu», indique l'écran de l'appareil de la gare Alexanderplatz, à Berlin. Il est 1 h 18 le 1er janvier 2002. Depuis une heure et dix-huit minutes, on a le droit d'échanger des euros contre de la nourriture, des voitures, des colliers en diamants ou des tickets de métro. Mais la machine ne veut pas encore de l'euro. Et elle ne veut plus de deutsche Mark. Sur le quai une pancarte indique: «Début de l'euro, 1er janvier 2002!» ­ cela est exact ­ et en dessous: «d'ici là, veuillez utiliser un autre moyen de paiement.» La pièce d'un euro doit retourner dans son porte-monnaie.

Du coup, la pièce d'un deutsche Mark qui vaut encore une moitié de croissant, ou un peu moins qu'un petit paquet de chewing-gum, semble garder un peu de valeur. Plus pour longtemps. Frappée en 1993, cette pièce usée qui a voyagé de porte-monnaie en caisses pendant neuf années a pris un sérieux coup de vieux à côté de la nouvelle pièce estampillée 2002 et qui n'a encore jamais servi à acheter quoi que ce soit. Un peu plus loin dans le portefeuille, un vrai billet de 50 euros sans rides dame le pion à un pauvre billet de 50 DM tout froissé. Jusqu'à 0 h 40 il était encore dans un distributeur automatique de Hackescher Markt (situé dans Berlin-Mitte, l'un