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Libération

La fin d'une longue histoire et d'une jolie livre

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publié le 3 janvier 2002 à 21h34

Bien que la punt soit aussi irlandaise que le poitin (alcool irlandais, ndlr), ce sont en fait les Anglais qui ont nommé de ce mot la monnaie irlandaise quand elle fut introduite en 1928. Ayant appris le mot irlandais pour pound, les courtiers de Londres se mirent à comparer la nouvelle devise à un de ces canots à fond plat qui ont tendance à se renverser. Et c'est ainsi que la punt ­ dont le nom correct est la livre irlandaise ­ vit le jour. N'ayant jamais dévissé comme l'avaient prédit en riant les courtiers, cette monnaie ne va pas continuer à flotter encore très longtemps.

Et selon les numismates, la prochaine disparition de la livre provoque pas mal de nostalgie financière. La Banque centrale s'apprête à remplir les décharges de ces billets de 5 et de 10 si joliment dessinés par Robert Ballagh, mais le public s'empresse de collectionner des séries complètes de billets et de pièces depuis 1971, date du passage au système décimal. Elle n'a jamais eu le statut impérial de la livre sterling, ni la dimension historique du deutschemark dont le rôle a été si crucial dans la renaissance de l'Etat allemand. Mais les trente années de monnaie irlandaise sont à l'évidence perçues comme un héritage précieux à transmettre aux enfants et petits-enfants qui ne connaîtront jamais rien d'autre que les euros et les centimes d'euro.

Cet héritage débuta avec la Commission de la monnaie, mise sur pied cinq ans après la création de l'Etat pour relever le défi de l'émission d'une nouvelle devise