En 1911, quatorze ans après la guerre tragique de 1897 (1) et l'effondrement total de son économie, la Grèce gardait l'ambition nationale de participer au partage des Balkans. Elle était disposée de nouveau à se battre. Mais aucune puissance locale ni la Serbie, ni la Bulgarie, ni la Roumanie, ni même le petit Monténégro ne voulait l'avoir pour alliée. La Grèce ne comptait pas. On la considérait comme un pays tellement faible et peu crédible qu'elle aurait été une charge dans l'effort de guerre et une présence importune à la table des négociations. Le grand Venizelos fut obligé d'entrer dans la guerre pres que sans aucun engagement ni garanties de la part de quiconque.
Quatre-vingt-dix ans se sont écoulés depuis 1911 et l'accession de Venizelos au pouvoir. Et la Grèce n'a plus rien à voir avec le petit Etat chétif de l'époque, elle est devenue la grande puissance de la région. Vingt ans se sont écoulés depuis son adhésion à la CEE. Cet anniversaire sera célébré de la meilleure manière: notre pays adhérera à l'Union économique et monétaire (UEM). En l'espace de vingt ans, le petit pays est passé de la périphérie au «noyau dur» de l'Europe.
Nul ne peut savoir ce que les historiens du futur écriront sur ces vingt années. Mais nos contemporains peuvent soutenir qu'elles ont pansé des blessures séculaires grâce au choix stratégique fait par Constantin Caramanlis, assimilé par Andréas Papandréou, servi par Constantin Mitsotakis, élargi et achevé par Costas Simitis. Ces vingt ann