Dans un récent sondage d'opinion à l'échelle européenne, interrogés sur la question de savoir s'il existait une identité culturelle européenne, une majorité des sondés répondait par la négative (49 % contre 38 %). En regardant de plus près les résultats, on se rendait compte que ce point de vue emporte la majorité des suffrages dans 12 des 15 pays de l'Union. En Allemagne, les deux camps sont à égalité. C'est seulement dans les pays les plus pauvres et les plus périphériques le Portugal et la Grèce que l'on trouve une nette majorité de personnes interrogées qui se sentent partie prenante d'«une identité culturelle européenne». Curieusement la population la plus sceptique sur cette question est celle d'une autre nation excentrée, la Finlande, à la différence près qu'il s'agit d'un pays riche.
Penchons-nous sur quelques paradoxes qu'expriment ces résultats. Notons que le Portugal et la Grèce se sont tenus éloignés, tout au long des siècles, du centre de l'Europe (l'aventure impériale lusitanienne, l'intégration des Grecs dans l'empire turc). Soulignons également un paradoxe: ce sont les populations des trois pays les plus «centraux» de l'Union et, a priori, les plus europhiles la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg , qui s'identifient culturellement le moins avec l'Europe.
Ce résultat montre clairement une des principales fragilités de l'actuel processus européen. Au sein de l'élite européenne, la question de l'identité prend des tours divers. On débat pour savoir si