Jusqu'en 1990, le monde de la Communauté européenne était bien ordonné. A la question de savoir qui en faisait partie et qui n'en était pas, le rideau de fer à l'Est et les différentes côtes maritimes dans toutes les autres directions apportaient une réponse claire. Depuis les chamboulements dans les ex-pays socialistes, l'Union européenne a de nouveaux partenaires. Son élargissement est à l'ordre du jour. Ses frontières géographiques se font vagues, la diversité culturelle s'accroît, le fossé se creuse entre les citoyens de l'UE, qui ont grandi dans des types de société différents. Sur quelles valeurs communes une Europe ainsi transformée peut-elle se fonder? Existe-t-il une identité collective européenne?
Généralement, la discussion est dominée par les arguments économiques. Un argument souvent entendu est que quiconque veut faire partie d'un marché commun n'a pas besoin pour autant de partager des affinités culturelles. Avec les traités de Maastricht et d'Amsterdam, par lesquels les Etats-nations ont transféré des parts importantes de leurs compétences aux institutions de l'Union, cette dernière a pourtant été politisée de façon irréversible. C'est à partir de ce constat qu'une étude du Centre des sciences de Berlin (WZB), récemment publiée, a exploré la question de l'identité de l'Europe à l'approche de l'élargissement (1).
Par «identité collective», les deux politologues, Dieter Fuchs et Hans-Dieter Klingemann, entendent l'ensemble de valeurs fondamentales et politiques d