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Libération

«On avait un bon schilling».

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publié le 3 janvier 2002 à 21h34

La ruée vers la filiale Am Hof de la Banque Austria, ouverte en ce 1er janvier, est restée très relative. Tandis qu'à environ un kilomètre de là, l'Orchestre philharmonique de Vienne donnait son concert du nouvel an, une petite douzaine de personnes, la plupart âgées, attendaient devant la porte de la banque qu'on veuille bien les laisser entrer. Franz Bauer, 79 ans et serrurier à la retraite, a réussi à arriver le premier devant le comptoir, afin de changer une somme non négligeable de schillings en euros. L'opération a duré quelque peu, la nouvelle et inhabituelle monnaie obligeant à un deuxième puis un troisième recomptage, avant que la somme disparaisse sous deux épaisseurs de vêtements d'hiver.

«D'abord, il y a eu Hitler, on a dû tout changer en marks, ensuite on a dû rendre les marks. C'est la troisième fois qu'on y perd! Non, vraiment, je ne suis pas satisfait», commente Franz Bauer qui change de monnaie pour la troisième fois de sa vie. «On avait pourtant un bon schilling.» Mais, malgré ses grognements, il suit le mouvement avec aisance. Faire le calcul n'est «pas une grosse affaire quand on a acheté un convertisseur». Quant au reste de ses schillings, ils seront dépensés ou mis sur son compte d'épargne, où la conversion se fera automatiquement. Le nouvel argent lui plaît-il? «J'ai regardé que les chiffres, et ça va. Je ne vais pas m'affoler pour ça.»

La plupart des personnes interrogées expriment le même scepticisme latent, mêlé de désinvolture. Un couple d'Allemands