Le dernier repas de 2001 est interrompu par la sonnette. Au parlophone, un ami me demande: «Je peux t'emprunter un peu d'argent?» Après avoir cherché longtemps, il a dû se rendre à l'évidence: les distributeurs de billets sont hors service en attendant les douze coups de minuit, et les restaurants qui acceptent les paiements par carte de crédit sont bondés. «ça ressemble à une sélection automatisée, remarque-t-il froidement. Pas un chat dans les endroits où on n'accepte pas les cartes.»
En cette nuit de réveillon, les prostituées du quartier chaud d'Amsterdam font, elles, de bonnes affaires. «Les pourboires sont bons parce que les gens veulent se débarrasser de leurs florins», raconte Lisa, qui est sortie un instant pour admirer le feu d'artifice. «Les clients qui payeront en euros seront sans doute beaucoup plus chiches.» Ce sont surtout les touristes qui pâtissent de l'impossibilité momentanée de retirer de l'argent. Nick Dobson, un Britannique arrivé à Amsterdam-Schiphol par un des derniers vols, ne parvient pas à échanger ses livres contre des florins. Il doit partager un taxi avec des compatriotes qui disposent, eux, de monnaie, et devra emprunter de l'argent à la copine néerlandaise qui l'héberge pour payer la dernière partie de la course.
C'est la faute des seules autorités aéroportuaires, a-t-on appris mardi matin, lors d'une conférence de presse à Schiphol. De 4 heures de l'après-midi à minuit la veille du jour de l'an, il était impossible d'échanger de l'argent ou de