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Libération

Retour des vieux doutes et des démons

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par Paul Ginsborg
publié le 3 janvier 2002 à 21h34
(mis à jour le 3 janvier 2002 à 21h34)

Construire l'image d'une nation est un processus lent, de sédimentation graduelle, d'opinions qui se forment dans le temps sur la base de centaines d'actions, le plus souvent mineures et répétitives, d'impressions qui progressivement se consolident en stéréotypes. A partir de la Seconde Guerre mondiale, l'Italie a joui en Europe d'une image contradictoire. A l'époque de la signature du traité de Rome, en 1957, elle avait beaucoup de choses à démontrer (quoique moins que l'Allemagne). Je me souviens de mon indignation à entendre mon beau-père ­ un grand géologue d'Oxford ­ affirmer que Mussolini avait été une bonne chose pour l'Italie («parce que les Italiens sont tous des enfants et qu'ils ont besoin d'un homme fort pour les gouverner»), mais un désastre pour l'Europe. Les stéréotypes nés de la guerre allaient être durs à mourir, à dire vrai certains sont encore bien vivants.

Après 1957, l'Italie a eu l'opportunité de se créer une image nouvelle, bien plus positive, mais elle n'a pas vraiment su la saisir. Bien que l'opinion publique italienne reste fortement pro-européenne et que l'Italie ait en quelques occasions exercé un important rôle de médiation, sa présence en Europe a été discontinue et distraite. Ses politiciens étaient plus intéressés par Montecitorio (siège de la Chambre des députés, ndlr) que par Bruxelles. [...]

En 1972, le démocrate-chrétien Franco Maria Malfatti démissionna du prestigieux poste de président de la Commission pour poursuivre sa carrière politique