Adopté par la loi du 5 juin 1832, le franc belge est perçu comme intimement lié à notre être national. Pourtant, derrière son apparente continuité se cache une réalité historique plus bigarrée... Au temps de Léopold Ier, bien d'autres pièces françaises, hollandaises ou anciennes ont cours légal. Après 1844, l'éventail sera rétréci au seul argent d'outre-Quiévrain. «C'est déjà une sorte de zone euro, même si elle n'en porte pas le nom, dit le Dr Valery Janssens, professeur émérite de la Vlaamse Economische Hogeschool (1). Il n'y a jamais de dévaluations et on a une communauté de circulation monétaire. L'écu et le louis d'or français se rencontrent souvent à la Côte belge.» [...] Sur les pièces, l'effigie de Louis-Philippe est remplacée par celle de notre premier roi [...].
Après 1918, les turbulences imposent les mesures de 1926 (le franc fixé à un septième de sa valeur d'avant-guerre) et de 1935 (dévaluation de 28 %). «C'est l'époque, raconte Janssens, où apparaît un courant d'opinion anglo-saxon qui préfère la stabilité des prix à des parités monétaires fixes. L'Europe occidentale, au contraire, a établi le bloc de l'or, favorable au maintien des parités or sans se soucier de la stabilité des prix. La dévaluation du franc belge en 1935, qui suit celles de la livre et du dollar, conduit à rétablir cette stabilité. C'est ce courant qui s'exprime aujourd'hui dans les statuts de la Banque centrale européenne.»
Après la Seconde Guerre mondiale, l'opération Gutt ressemble un peu à