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Libération
Série Les mille et une vies d'Alexandre Dumas (4/6)

Le coeur sur la plume

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Claude Schopp* raconte l’homme aux innombrables maîtresses, mais aussi le compa-gnon aux amitiés masculines à toute épreuve.
par Claude SCHOPP
publié le 18 juillet 2002 à 0h26

En prélude à sa panthéonisation de l¹automne, nous ouvrons une haie d¹honneur au romancier mirifique Alexandre Dumas. Toute cette semaine, notre feuilleton journalistique évoque, sous les plumes de Gonzague Saint Bris, d¹Alain Pons, de Claude Schopp, de Marek Halter et de rédacteurs de «Libération», les hauts faits et la geste de l¹écrivain français le plus célèbre au monde. 1 001 fantômes, histoires, livres, voyages, révolutions, festins, amours, morts, enfants et destins d¹Alexandre le grand Dumas.

Alexandre Dumas ? «Don Juan la nuit, Alcibiade le jour», répondait son premier biographe, Hippolyte Romand, en 1834. Déjà, le nombre : les mil e tre de l'abuseur de Séville, la multitude des jeunes gens que le merveilleux Athénien traînait à sa suite. Le nombre, ou, pour mieux dire, l'innombrable. Amours et amitiés mêlées, la vie sentimentale d'Alexandre compte autant de volumes que sa vie littéraire, autant de collaborateurs et plus encore de collaboratrices. Au temps où Guizot proclame doctrinairement son «Enrichissez-vous», en direction de la bourgeoisie triomphante qui n'avait pas besoin de cet encouragement pour économiser, Dumas dépense (et se dépense) sans compter : à sa table, des flots d'encre sur son papier bleu lavande, les flots d'argent que l'encre dépose dans ses poches trouées, des flots d'esprit dans les salons, des flots de semence entre ses draps de laboureur de chair, des flots d'amour aussi, en un épanchement continu. «Ce géant est un fleuve, qu'importe qu'on