C'est sur la suggestion d'amis à qui Jean-Pierre Vernant racontait des mythes grecs qu'il décida de consigner une narration plus informelle et souple. Le livre entend préserver la fraîcheur de l'oralité. Aussi, hormis un glossaire, le texte est-il dépourvu d'appareil critique. En l'écrivant, Vernant s'est rappelé les soirs où il contait ces histoires de dieux à son petit-fils «sur le mode de ce que Platon nomme fables de nourrice». L'intention de l'historien et ancien résistant : «Livrer directement de bouche à oreille un peu de cet univers dont la survie en chacun de nous me semble [...] plus que jamais nécessaire.» Faute d'aède pour nous les chanter, ces récits doivent se lire comme un roman. Aube du monde lorsque Gaïa, Terre, déesse surgie de la Béance, Chaos, était sans cesse couverte et engrossée par le ciel, Ouranos ; castration de ce dernier par son fils, Cronos ; naissance des Erinyes, déesses de la vengeance, à partir du sang du crime, et naissance d'Aphrodite à partir de la semence du sexe tranché et de l'écume de la mer dans laquelle il a été jeté. Les épisodes de cette cosmogonie, et ceux qui suivent règne de Zeus, feu volé par Prométhée, la première femme Pandora à la «croupe attifée» (Hésiode) sont à apprécier à plusieurs niveaux. Le mythe est ouvert et ces légendes nous parlent encore : non tant de leur éternité que de notre mortalité. C'est la leçon d'Ulysse qui préfère, à l'immortalité anonyme avec Calypso, le retour à Ithaque et une fin d'humain en son
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