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Libération
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L'auteur aux pieds de vers.

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Philippe Fenwick rend visite aux lycéens de Lozère pour parler de sa pièce, «Antigone».
publié le 13 août 2002 à 0h39

2 500 kilomètres à avaler, 80 soirs à jouer, 3 tonnes de décor à monter. «Libération» a suivi la tournée pédestre du théâtre de l'Etreinte.

Le premier qu'on voit sur scène, c'est lui. Un bonimenteur roué, qui vend un programme. Sa voix nasillarde fait rire. Sur la route, il est souvent devant. On voit sa tête dépasser d'un champ de blé, dans l'Aube. Il appelle en criant : «Vous avez vu l'écho ?» Après une marche sur le mont Lozère, un endroit magique, «comme il n'y en a pas d'autre en France, là-haut c'est mieux que la lune», on l'observe, le soir, quand dans la salle des fêtes tout est éteint, sautiller dans son duvet rouge qu'il porte comme une salopette. Un type capable de manger en plein soleil des calamars avec du Toblerone ou de réclamer un pied de porc froid à un charcutier ambulant à la sortie d'un village à quelques kilomètres de Sens (Yonne) est quelqu'un d'assez peu commun. Il explique qu'il traversera la France en poussant un Caddie bricolé d'un moteur, avec dedans son matériel de scène à dire les contes. Il le fera bientôt. Car il a du culot. Il faut l'être pour s'être attaqué à un aussi gros morceau qu'Antigone. Philippe Fenwick, l'auteur de cette pièce qui tourne, a la bougeotte. Cela tombe plutôt bien, car il a de grandes jambes. Parfois, il est un peu dur à suivre. Ce gars-là a un peu plus que la trentaine, et tout s'entrechoque quand il cause. Marcher lui donne des idées pour écrire, d'ailleurs il tient son petit journal, avec une écriture de pattes de mouch