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Ces arbres qui cachent le désert chinois

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Pour lutter contre la désertification, Pékin a lancé un programme de reforestation massive. Occultant les vrais «coupables» : la pression démographique et la surexploitation des terres arables.
publié le 26 août 2002 à 0h45

Jiao Zhongmin envoyé spécial

Au bout, tout au bout d'une longue route, dans le nord-ouest de la Chine, les officiels attendent au bord d'un champ pour nous montrer l'objet de leur fierté : de tout jeunes arbres, récemment plantés par les villageois de Jiao Zhongmin, de maigres tiges ballottées par le vent, objet de tous les soins au milieu d'un paysage grandiose mais desséché. Nous sommes dans le Ningxia, l'une des provinces les plus arides du pays, l'un des «fronts» de la bataille contre le désert que mène la Chine.

Ces arbres, que le chef local du Parti communiste présente comme autant de victoires sur l'ennemi, participent d'une double ambition des autorités : lutter contre la désertification et atténuer la pauvreté criante de cette région. Pour faire d'une pierre deux coups, le gouvernement pousse les paysans, qui vivent de plus en plus difficilement de leurs maigres récoltes, à transformer une partie de leurs terres cultivables en plantations d'arbres, en échange d'un versement de céréales pendant une durée de sept ans. Dans tout le nord de la Chine, on voit ainsi apparaître des forêts de jeunes pousses : dans le nord du Shaanxi, une autre région de collines arides, les jeunes arbres sont impeccablement alignés, chaque tronc protégé par un muret de pierres. A l'entrée de Shijiazhuang, la capitale du Hebei, au sud de Pékin, ce sont des milliers de soldats, drapeau rouge au vent, qui sont de corvée de plantation d'arbres pour ériger une ceinture verte autour de cette ville